Addis-Abeba, le 21 Novembre 2025 — Les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) ont dévoilé aujourd’hui une vision renouvelée de l’Agenda pour la Sécurité et la Souveraineté Sanitaire de l’Afrique (AHSS), destiné à protéger le continent face à la montée des menaces sanitaires tout en réduisant la dépendance aux systèmes externes, à la fabrication, aux achats, aux chaînes d’approvisionnement et au financement.
L’Agenda AHSS s’appuie sur les fondations du Nouvel Ordre de la Santé Publique (NPHO), approuvé par les Chefs d’État africains en 2022. Alors que le NPHO a permis des avancées majeures en matière d’institutions, de développement des compétences et de collaboration régionale après la COVID-19, l’Afrique fait désormais face à un paysage sanitaire mondial plus complexe et plus contraint.
L’aide sanitaire extérieure au continent a diminué de près de 70 % depuis 2021, tandis que les flambées épidémiques ont augmenté de plus de 40 % entre 2022 et 2024. Les chocs climatiques, les priorités géopolitiques changeantes, les chaînes d’approvisionnement fragiles et les inégalités persistantes continuent de mettre les systèmes de santé africains en danger.
S’appuyant sur de nombreux dialogues, notamment la réunion tenue par S.E. le Président Kagame en février 2025 à Addis-Abeba avec la participation de Chefs d’État africains ; la réunion de haut niveau organisée par S.E. le Président John Mahama à Accra en août 2025 ; et la réunion du Comité des Chefs d’État et de Gouvernement d’Africa CDC, dirigée par S.E. le Président João Lourenço en septembre 2025 à New York, Africa CDC a été chargé d’élaborer une vision renforcée, articulée autour de cinq piliers interconnectés et de la traduire en actions pratiques et opérationnelles.
Au cœur de cet agenda se trouve une transition vers une architecture sanitaire mondiale plus équitable, dans laquelle l’Afrique détient un pouvoir décisionnel proportionnel à ses besoins et à ses contributions.
- Le premier pilier porte sur la réforme de l’architecture sanitaire mondiale, guidée par un principe clair : les pays dirigent, les régions coordonnent et le niveau mondial soutient. Avec un Africa CDC fort et capable, l’Afrique devient un co-architecte indispensable de cette architecture, garantissant un alignement total des initiatives mondiales sur la vision africaine.
- Le deuxième pilier porte sur la Prévention, la Préparation et la Réponse aux Pandémies (PPPR), en intégrant les systèmes africains de surveillance épidémiologique, les réseaux de laboratoires, les Instituts Nationaux de Santé Publique (NPHI), les Centres d’Opérations d’Urgence (PHEOC), et les forces d’intervention d’urgence telles que le Programme de Leadership en Santé Kofi Annan, le Corps Africain de Volontaires pour la Santé (AVoHC), et les opérations d’urgence. Ensemble, ces composantes forment une architecture unifiée pour la détection précoce, la réponse rapide et une préparation durable. Ce pilier PPPR sera soutenu par le Fonds Africain contre les Épidémies (AfEF), qui mobilisera des ressources provenant de multiples sources et garantira leur disponibilité rapide pour les États membres dans le besoin.
- Le troisième pilier porte sur le financement durable de la santé, tel que décrit dans le document « Africa Health Financing in a New Era ». Africa CDC appelle à une augmentation de la mobilisation des ressources domestiques, à des financements innovants — y compris l’utilisation de taxes sanitaires et de taxes comportementales — ainsi qu’à des modèles de financement mixte tirant parti des investissements publics et privés. Ce pilier souligne également la nécessité de renforcer les systèmes de gestion financière publique et d’accélérer la mise en œuvre de l’Agenda de Lusaka afin de mieux aligner les ressources externes sur les priorités sanitaires et la vision à long terme des gouvernements africains.
- Le quatrième pilier porte sur l’avancement de l’Agenda de la Transformation Digitale, en établissant un Écosystème de Renseignement Digital détenu par les régions et les pays, permettant des flux de données en temps réel, du niveau communautaire jusqu’aux plateformes nationales et continentales — renforçant ainsi la souveraineté des données et la capacité décisionnelle de l’Afrique. Ce pilier priorise également la connectivité haut débit, en veillant à ce que chaque établissement de santé — y compris les centres ruraux et primaires — soit connecté à une infrastructure internet fiable pour soutenir la surveillance, le reporting et la prestation de services.
- Le cinquième pilier porte sur l’avancement de l’agenda de fabrication locale des contre-mesures médicales, soutenu par le Mécanisme Africain d’Achat Groupé, dirigé par Africa CDC en collaboration avec la ZLECAf, et appuyé par une supervision réglementaire solide menée par l’Agence Africaine des Médicaments (AMA). L’objectif est d’accélérer la vision des dirigeants africains visant à garantir que d’ici 2040, au moins 60 % des contre-mesures médicales essentielles — y compris les vaccins, les diagnostics et les traitements — soient produits sur le continent.
L’Agenda pour la Sécurité et la Souveraineté Sanitaire de l’Afrique renforce le message porté par le Nouvel Ordre de la Santé Publique (NPHO), tout en ajoutant deux composantes critiques qui manquaient jusque-là : un agenda solide de transformation digitale et une réforme de l’architecture sanitaire mondiale.
En dévoilant le nouvel agenda, S.E. Dr Jean Kaseya, Directeur général d’Africa CDC, a déclaré : « L’Agenda de la Sécurité et de la Souveraineté Sanitaire de l’Afrique est non négociable. Il représente notre engagement collectif à passer de la dépendance à l’appropriation, et de la vulnérabilité à la résilience. Une Afrique sûre et autonome est essentielle non seulement pour notre continent, mais aussi pour la stabilité des systèmes de santé mondiaux. La souveraineté sanitaire ne signifie pas l’isolement — elle marque un nouveau modèle de partenariat où les nations africaines mènent avec clarté et confiance, et où les partenaires mondiaux soutiennent des priorités définies par l’Afrique. »
Reconnaissant les défis auxquels l’Afrique continue de faire face — des lacunes de financement et de main-d’œuvre aux contraintes en matière de production, de données et de gouvernance — Africa CDC met en avant une approche continentale ambitieuse et unifiée. En travaillant étroitement avec les États membres de l’Union africaine et les partenaires, Africa CDC établira un tableau de bord continental pour assurer une responsabilité partagée et renforcer le plaidoyer politique afin que tous les pays puissent promouvoir et mettre en œuvre l’Agenda AHSS.
À propos d’Africa CDC
Les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) sont une agence de santé publique de l’Union africaine. Ils sont autonomes et soutiennent les États membres dans le renforcement des systèmes de santé. Ils contribuent également à améliorer la surveillance des maladies, la réponse aux urgences et le contrôle des épidémies.
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